- STRAUSS (LES)
- STRAUSS (LES)Le nom de Strauss, ou plutôt des Strauss (Johann, le père; Johann, Josef et Eduard, les fils), restera à jamais attaché à ce que l’on appelle la «musique viennoise» et plus précisément à cette danse à trois temps, la valse, qui obsédait tant le héros d’une des plus célèbres nouvelles de Thomas Mann, Tonio Kröger. Plus encore que d’une famille, il s’agit avec les Strauss d’une véritable dynastie qui régna, cinquante ans durant, sur toutes les cours et dans tous les cœurs d’Europe.Johann Strauss père (1804-1849)Johann Strauss père est né le 14 mars 1804 à Vienne et mort dans la même ville, le 25 septembre 1849. Il a contribué, plus que tout autre, avec son collègue et ami Josef Lanner, à donner ses lettres de noblesse à une danse nouvelle, la valse. Fils d’aubergiste, autodidacte, il apprend le violon et l’alto; il s’engage à quinze ans dans l’orchestre de danse de Lanner dont il se séparera en 1825 pour fonder sa propre formation. Pendant plusieurs années, il se fait entendre dans une célèbre brasserie où nombre de visiteurs étrangers, dont le jeune Chopin et le jeune Wagner, sont fascinés par la nouveauté de la «valse viennoise». Il compose lui-même et il s’efforce, tout comme Lanner, de briser la tyrannie de la mesure à 3/4, variant ses longueurs de phrases et utilisant une orchestration brillante, la syncope et les variations rythmiques. Avec son orchestre de vingt-huit musiciens, il se rend à Berlin en 1834, à Paris en 1837 où il joue devant le roi Louis-Philippe et suscite l’admiration de Berlioz, à Londres enfin, en 1838. À son retour à Vienne, il s’aperçoit avec un grand déplaisir que son fils aîné, Johann, pour lequel il a envisagé une carrière commerciale, s’apprête à suivre ses traces. Nommé directeur des Bals de la cour, puis chef de la musique du 1er Régiment de la garde civile de Vienne, il compose en cette qualité sa fameuse Marche de Radetzky pour célébrer la victoire du général sur les insurgés italiens en 1848. Cette œuvre lui vaut de violentes attaques des milieux républicains. Il meurt l’année suivante de la fièvre scarlatine. Ses funérailles furent grandioses et suivies par la foule immense des Viennois. Il a composé cent cinquante valses dont Loreley-Rheinklänge (Échos de la Loreley ) reste sans doute la plus connue, vingt-huit galops, quatorze polkas, dix-neuf marches, trente-cinq quadrilles mais un grand nombre de ses œuvres sont souvent attribuées, par erreur, à son fils aîné.Johann Strauss fils (1825-1899)Celui-là, dit Johann Strauss fils, surnommé le «roi de la valse», naquit le 25 octobre 1825 et mourut le 3 juin 1899 à Vienne. À six ans, il improvise sa première valse, mais son père n’est pas content car il souhaite pour son fils un autre avenir que celui de musicien. C’est pourquoi il devient employé de banque, non sans avoir fait de sérieuses études secondaires et musicales (violon et composition). À dix-neuf ans, il forme un ensemble de quinze musiciens, dont le succès est tel qu’il devient alors le dangereux concurrent de son père. À la mort de ce dernier, il réunit les deux orchestres et entreprend des tournées qui le conduisent à travers l’Europe et même aux États-Unis. Engagé en Russie durant les mois d’été, et pour plusieurs saisons à partir de 1854, il confie, pendant ses absences, son orchestre à ses frères Josef et Eduard.Entre ses mains la valse viennoise poursuit son évolution avec l’apparition de vastes introductions et de vastes codas, de thèmes plus contrastés, de phrases plus développées. En 1863, il est nommé directeur des Bals de la cour. C’est alors l’époque de ses grandes valses: Le Beau Danube bleu (1867) et Histoires de la forêt viennoise (1868). Il abandonne petit à petit son orchestre à ses deux frères, pour se consacrer à l’opérette. Après quelques tentatives, il donne son premier chef-d’œuvre dans ce domaine: La Chauve-Souris (1874); le deuxième sera Le Baron tzigane (1885). En 1888, il écrit, pour le quarantième anniversaire de l’accession au trône de François-Joseph, sa valse au très grand style: La Valse de l’Empereur. Son essai à la musique sérieuse se traduit par un opéra-comique en 1892, Le Chevalier Pasman . Sa dernière œuvre est un ballet: Cendrillon. Admiré de Brahms, de Mahler, de Wagner et de Liszt, il meurt d’une pneumonie après avoir composé près de deux cents valses, environ cent quarante polkas, quarante-cinq marches et soixante-dix quadrilles.Josef Strauss (1827-1870)Architecte et ingénieur réputé, Josef est le personnage le plus énigmatique de la dynastie. Appelé à prendre la direction de l’orchestre familial, il ne se sent pas compétent, mais, avec les encouragements de Johann et devant la nécessité de nourrir la famille, le timide Josef commence à regrets à suivre des cours de direction d’orchestre, de composition et de violon. Peu de temps après, il paraît en public: c’est aussitôt l’enthousiasme pour ce nouveau Strauss, qui ressemble tant à Liszt. La mélancolie qui émane de sa personne fascine. Il connaît un grand succès, comme chef mais aussi comme compositeur. En dix-sept ans, il a composé plus de trois cents pièces, parmi lesquelles les merveilleuses valses: Hirondelles d’Autriche et Écho des sphères . Ses valses, extrêmement belles, expriment une grande mélancolie. Ses polkas sont pures et pleines d’esprit. Sa vie, hélas, fut courte: il mourut d’une commotion cérébrale à quarante-trois ans.Eduard Strauss (1835-1916)Le cadet des frères Strauss naît à Vienne le 15 mars 1835. Il fait de solides études et désire se consacrer à la carrière diplomatique, mais, au contact de ses deux frères et de leur musique de divertissement, il devient également compositeur. Johann lui confie la direction de son orchestre, et il débute le 8 avril 1862. Son charme et son imperturbable élégance sur le podium le font très vite surnommer par les Viennois «le bel Edi». Il est le prototype du véritable enfant de Vienne, chaleureux et aimable. Il présente ses propres œuvres parmi celles de ses frères, mais il est moins talentueux que Johann et Josef. Lorsqu’il dissout l’orchestre Strauss, en 1901, il a écrit environ trois cents œuvres, dont les plus nombreuses sont des polkas. En 1907, dans un gigantesque autodafé, il brûle toutes les œuvres de Johann non éditées et restées à l’état de manuscrits. Les souvenirs qu’il écrivit durant sa retraite constituent une source importante d’informations, à la fois sur lui-même et sur les autres membres de la famille. Comme son père et son frère Johann, il fut nommé directeur des Bals de la cour. Il fit plusieurs tournées à travers l’Allemagne et l’Amérique. Il se retira de la vie publique dès 1901 et mourut le 28 décembre 1916.
Encyclopédie Universelle. 2012.